Chez nous !

Cahuzac vs. Rocard vs. Pfizer vs. The World vs…

Aujourd’hui c’est mardi, c’est ravioli tribunal. Pour ce bon vieux Jérôme, en tous cas, qui aurait probablement préféré les raviolis (nous on a déjà le pain, et on nous offre les Jeux, qui pourrait refuser !). Quelques années après les faits, s’ouvre donc le procès de Jérôme Cahuzac pour une histoire d’amour interdit entre un homme et son compte en Suisse. Et à première vue, on va bien se marrer.

Hmm, oui au fond ? Qui est Cahuzac ? Mais enfin on nous parle suffisamment de bilan du quinquennat pour ne pas avoir le droit d’en oublier les points saillants (non, pas ce genre de saillance Dominique, ferme ce peignoir)… Notre ministre du budget, qui était présenté comme le petit dernier surdoué de la politique à gauche, qui est la cible de vilaines médisances qui parlent de ses sous pas déclarés, qui déclare les yeux dans ceux de la caméra que non non non m’âme BFM, tout ça c’est des menteries et d’ailleurs je m’y connais en mens… hem, je vous le jure solennellement sur la tête de mon banquier, puis qui apprend qu’en fait on a des preuves, qu’il se fait éjecter du gouvernement exemplaire de François qu’on trahissait déjà manifestement beaucoup à l’époque, qu’il se prend un procès, qu’il…  mais laissons la justice faire toute la lumière sur cette affaire. Indépendance de la justice, pas d’amalgame, tu veux voir ma grosse séparation des pouvoirs, ce genre de bêtises. Florilège.

Parce que oui, figurez-vous braves gens, on peut être ministre du budget et donc présider aux destinées de tous nos petits euros récoltés avec bienveillance par un état débonnaire, mais se prendre un bon gros procès pour fraude dans le fondement. Ça doit être pour ça que les ministres EELV au gouvernement vont toutes au Logement, elles sont forcément imunisées tant Denis Baupin (aka « le Vert-Galant » quand il se pointe aux Nuits Demonia) a une conception toute… personnelle des combats politiques d’arrière-garde. En tous cas, la conclusion est sans appel : si l’Etat signe sans sourciller un budget dont le déficit a un IMC à trois chiffres depuis 30 ans, les banques suisses déclenchent chez lui un spasme de magnitude 8.4. Faire n’importe quoi avec ses sous à lui, et comment !, mais n’allez pas faire n’importe quoi avec ceux qu’il n’a pas encore pris !

Tout avait été dit à l’époque à propos de cette histoire, je vais donc me contenter de remercier Mediapart, dont je n’apprécie la mentalité que quand on peut se moquer ensuite, pour avoir déterré ce magnifique os qu’on n’en finit plus de ronger. Edwy, quand tu me liras, big up cousin, wesh. A la place, on va pouvoir spéculer sur le contenu récent de la plus belle affaire du bilan du président Hollande. C’est une belle invention, la spéculation, y’a même pas besoin de réfléchir, je comprends que les journalistes adorent.

Car en guise de contenu, cette semaine voit poindre un condensé de sujets qui tous, individuellement, mériteraient déjà qu’on en rigole un bon coup. Prenons-les donc un par un (Dominique j’ai dit non, si tu t’ennuies tant que ça va donc superviser les entretiens d’embauche sur la 44e, on aura la paix) :

  • « Le compte caché avec des gros morceaux de financement louche dedans, c’est pas moi, c’était pour Rocard. »

Sans doute ce dont on parlera le plus dans les prochains jours, tant ce bon vieux Michel représente un fantasme de gosse pour toute la classe politique de gauche™. Nouvelle gauche, valeurs, héritage politique, petite larme de Manuel Valls qui a tout appris auprès de lui, on a tout entendu. Tout sauf les commentaires pas très panégyriques, restons lucides, et on attend donc toujours l’hommage de la nation à Monsieur 32.5% de 49.3, le fameux article inspiré par Satan un jour où le Ténébreux voulait éteindre le Phare du Monde Libre et Eclairé qu’est la France. La cohérence entre « raaah, Michel Rocard, quel homme, et cette grosse paire de valeurs de gauche, mmmh oui encore un 49.3, fesse-moi avec les statuts du PS reliés cuir, ooooh Michel grand fou sois le père de mes enfants » et « t’façons Valls c’est Franco, avec lui soit t’es d’accord soit c’est 49.3, ce mec impose ses idées, j’ai mal à ma démocratie, bouh snif je veux ma maman, un câlin et mon doudou » ? Je la cherche encore, si vous aviez un peu d’exta pour aider…

D’ailleurs, en parlant de valeurs de gauche, si elles incluent la possibilité de préparer soi-même les hommages nationaux (notez le pluriel) qu’on attend de la nation reconnaissante, et d’y faire venir en sus les deux personnages centraux de ladite nation qui n’auront donc que ça à glander, je file demander ma carte du Parti Socialiste… Je n’ai entendu personne relever le fait que ça manquait peut-être vaguement d’un peu de modestie, pour un monsieur que c’était le fils légitime de l’esprit de Jaurès et des valeurs de gauche (Qui a dit « fumeux » ? Un peu de respect, jeunes gens, c’est pas n’importe qui, on a dit « hommage national » en mot compte triple, hein !).

  • « Nan mais en fait, Rocard il savait rien, hein, c’était des sous que je récupérais chez Pfizer, j’avais des potes là-bas. »

Pas besoin d’épiloguer, une petite équation circule depuis des temps immémoriaux dans les milieux autorisés (la politique et les média, c’te question), dont le dernier avatar en date a quelques mois :

Big Pharma = Profits sur la détresse humaine = Ultra-néo-capitalisme = Satan

Les maths n’ont jamais été aussi idéologiques.

Mais quitte à me répéter, la singularité quantique nue générée au point précédent (« Pas touche à St. Rocard, hérétique ! ») devrait nous épargner ce débat pour encore au moins quelques jour.

  • « Oh et puis vous savez, à l’époque, on le faisait tous, y’avait pas que Rocard, tous les partis une belle caisse noire dodue et pleine de grosses coupures cachée à l’étranger, d’était pratique, et puis je vous parle pas du champagne et des put…

*Pan ! Pan !*

5 lettres,  avec le A de « hommage » (merci Michel), « O M E R T A », en mot compte double, 14 points.

 

Game Over.

 

Bonne nuit Jérôme, merci d’avoir joué. Insérer une somme à 9 zéros pour lancer une nouvelle partie.

Laisser un commentaire